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24 : "Le grenadier – Préparer ses olives vertes" (Epuisé) – Version papier

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24 : « Le grenadier – Préparer ses olives vertes » – Automne 2001

SOMMAIRE

Préparer ses olives vertes par Sylvie DUPARD
Longomaï à Madagascar par LongoMaï
– Cahier central : Le grenadier par Christian CATOIRE
Arbres fruitiers fourragers par la F.A.O.
Étrange maladie du cognassier par Roger GAVINELLI
– Avis de Recherche: Châtaigneraie Cévenole… par Fruits Oubliés

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EDITO

Mourir pour l’agrochimie

La chimie, franchement, quelle bouillie! Pendant des dizaines d’années, ses (ir)responsables répètent à tous ceux qui posent des questions, de la vallée du Rhône à celle de la Seine, de Fos à la région parisienne, que tout va bien, que tout est sous contrôle, que l’accident est impossible, et soudain, les voilà perdus.

La vérité profonde est sans doute un rien différente: ils ne l’avaient pas imaginé, parce qu’ils ne le fallait surtout pas. Autrement, comment auraient-ils osé? Q’une ville comme Toulouse soit transformée en champs de
ruine et ils s’écrient en chœur ou presque: c’est incroyable! Le directeur de l’usine AZ.F. – celle-là même qui a explosée, Jean-Pierre Biechlin, a eu ce cri, sans aucun doute sincère : « Nous n’avions pas imaginé qu’un tel accident puisse arriver ».
Ah. C’est tout de même fâcheux. Car si les réservoirs remplis de phosgène – le trop fameux gaz moutarde – avaient été emportés par l’explosion, combien de milliers de morts aurait-il fallu enterrer à Toulouse? Ce que révèle Toulouse, à sa manière, c’est que l’industrie chimique est devenue, grâce à sa surpuissance, pratiquement intouchable. On peut, parce qu’elle le veut, manipuler les produits les plus dangereux, les plus follement explosifs à l’endroit même où l’on vit, où l’on rit, où courent les gosses.
Quand tout sera retombé, et bientôt oublié, il y a fort à craindre que rien ne change, ou si peu. Peut-être les Toulousains, très remontés, obtiendront-ils tel ou tel déménagement. Mais ailleurs en tout cas, on peut être sûr d’assister à l’une de ces pantalonnades dont l’État est si coutumier.

Tenez: avez-vous suivi la (douteuse) farce de l’atrazine ? Jean Glavany, le ministre de l’Agriculture, a décidé fin septembre d’interdire ce pesticide redoutable ainsi que d’autres, de la famille des triazines, à partir de juin …2003. C’est beau, c’est noble? C’est tout au contraire scandaleux,
car cela fait quinze ans, au bas mot, que les associations alertent sur les risques cancérigènes et mutagènes – entre autres – que ces produits. font courir aux hommes. Le courage aurait été d’empêcher leur diffusion quand cela était utile, car aujourd’hui, on en retrouve dans 57% des analyses d’eaux de surface et dans 49% des eaux souterraines. Mais peut-être fallait-il, avant d’agir, que les industriels n’aient amorti leurs considérables investissements ?

Autre exemple : Gaillon, une petite ville de l’Eure, dans la vallée de la Seine. Disons les choses sans détour: l’air y est pourri. Pourri, farci de charmantes molécules de benzène, toluène, éthylbenzène, etc. Les responsables sont connus, et depuis des dizaines d’années: il s’agit d’entreprises de la chimie, dont au moins une, Novartis Agro, est bien connue pour ses philanthropiques recherches en matière d’OGM.
Figurez-vous qu’à Gaillon, il ne fait pas si bon vivre.
Des expertises répétées y ont révélé un surcroît très significatif de cancers et de leucémies, par rapport à des zones plus normales. Et ?
Et rien, rien de rien du tout, car l’emploi, car cette chimie « si nécessaire au bien des sols et au bien des hommes ».

A Toulouse, on meurt d’un coup bref, d’une explosion sourde,
et à Gaillon, très lentement, à la pépère. On meurt pour la chimie et pour l’agrochimie. Jusqu’à quand ?

Fabrice NICOLINO,
journaliste écologique

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