La transmission d’un verger : les chenevières

La transmission d’un verger : les chenevières

La transmission d’un verger : les chenevières

transmission verger
Dans la figueraie, cueillette des 18 variétés au fil des saisons.

Christine Reus a repris il y a quinze ans un verger né de l’entêtement d’un homme, Roger Gavinelli, un ancien de l’association Fruits Oubliés Réseau, qui a planté les premiers fruitiers dans les champs du mas Robin où seuls poussaient les acacias.

Bonjour Christine, peux-tu nous raconter brièvement ton installation et la passation avec Roger?

CR: Cela s’est fait à travers la rencontre de mon compagnon. On s’est installé ensemble, à côté de chez M.Gavinelli. On l’aidait et quand il a vendu j’ai acheté le verger. En parallèle, je faisais une formation de céramiste, je n’avais pas vraiment l’intention d’exploiter le verger au départ. Puis j’ai commencé à faire des confitures et à les vendre à Vézénobres. M.Gavinelli m’avait donné toutes ses recettes et ses documents avec les plans de tout ce qu’il avait planté dans le verger. J’ai ensuite repris tous les marchés qu’il faisait et notamment celui de Clapiers où je vends mes figues fraîches début septembre.

Ici, je suis dans mon élément, j’adore la nature, j’adore les animaux…

Comment t’es-tu formée et quelle est ton approche du verger ?

J’ai voulu faire des stages mais j’ai appris sur le tas. Pour moi, le but, c’est de laisser faire la nature. Je passe tout de même le gyrobroyeur au printemps, le plus tard possible, en laissant la couverture végétale. Puis, je mets les brebis dès qu’il n’y a plus de fruits. M.Gavinelli avait mis beaucoup de variétés, d’arbustes, des persistants, etc. Et je suis en train de refaire la même chose pour faire revenir des animaux, ce qu’on n’a pas trop ici à cause des vignes voisines. J’essaie de mettre plein d’arbres, pas seulement des figuiers. Il y a de tout ici, des kakis, des pistachiers, des amandiers, j’ai même redécouvert les jujubiers que M. Gavinelli avait planté. J’aime faire découvrir des fruits peu connus comme la jujube.

Christine Reus
Noix (Juglans regia) / Christine Reus présentant son verger aux visiteurs pendant la manifestation « De ferme en ferme ».

Et tu irrigues quand et comment ?

J’utilise le forage que Roger avait fait. En bas du verger, il y a de l’eau, donc je n’arrose pas les figuiers sur trois rangées. Mais j’arrose tout le reste. Avec cette terre (la marne), les racines des arbres ont du mal à descendre et à trouver de l’eau. Sinon, l’arrosage (par aspersion) s’étale sur mois, enfin ça dépend. J’essaie de retarder l’arrosage mais il ne faut surtout pas attendre que les feuilles tombent. Il faut arroser au bon moment, il faut le sentir. A la mi-juin je commence à surveiller.

As-tu observé des différences par rapport aux autres années ?  

Ce qu’il y a de différent par rapport aux autres années c’est qu’il y a aussi eu des gelées (tardives), ce qui ne m’était jamais arrivé. Les feuilles et les bourgeons ont gelé, surtout en bas où c’est un peu plus à l’ombre. En fait, je me suis aperçu que ça avait brûlé. Mais finalement ils sont repartis.

Combien de variétés de figues il y a dans le verger ? Et en mûrier ? 

Roger en avait planté 14 répertoriées. J’ai ajouté la violette de Solliès et 2 autres, donc 18 variétés au total. Sinon je n’ai que le mûrier noir (Morus nigra L.) mais j’ai une soixantaine d’arbres. Il faut les tailler, c’est beaucoup de travail. Il y a beaucoup de choses ici, c’est un peu l’anarchie mais je ne veux pas trop intervenir.

Comment t’organises-tu pour les récoltes et la transformation ? 

Désormais, je ne fais plus de confiture, je les fais faire, c’est plus simple pour moi. J’ai trouvé une personne qui fait de la transformation en petites quantités. Elle travaille toute seule, par variété comme le faisait M.Gavinelli, à partir de mes recettes. Le but de ce verger c’est de faire découvrir les variétés. Après pour la récolte, c’est moi qui récolte toute seule. Je vends aussi par variété et ça plaît bien ! 

pistaches
Les variétés cohabitent avec bienveillance dans ce verger / Les fruits du pistachier (Pistacia vera) sont disposés en grappes

As-tu une certification bio ? 

Oui, je suis certifiée bio par ecocert. J’ai demandé la certification en 2009 mais ça n’a rien changé à ce que je faisais auparavant. Je suis contrôlé tous les ans, parfois deux avec les contrôles inopinés, sachant que cela a un coût d’être en bio (500 € par an). Pour une exploitation comme la mienne, ça représente un pourcentage assez important mais je ne regrette pas de le faire. Ça me permet de vendre dans les boutiques bio locales. 

Quels sont tes projets à venir pour le verger ?

Ajouter d’autres variétés de figues, pas forcément connues. Et après mettre des pêchers de vigne, des jujubiers. J’ai envie de les mettre en haies parce que ça fait beaucoup de drageons, c’est-à-dire des rejets, le jujubier en fait énormément. 

Je souhaiterais aussi faire un jardin au milieu des arbres. M. Gavinelli avait commencé à le faire et j’aimerais le développer mais sans trop clôturer non plus parce qu’il faut que ça vive.

Propos recueillis par Arnaud Barthélemy et Joana Bénichou

Images : Joana Bénichou

One Reply to “La transmission d’un verger : les chenevières”

  1. Magnifique histoire de transmission et de passion . ca donne envie de sortir du jura où j’habite pour venir voir le verger de christine de plus près à la saison de fermes en fermes !
    Bravo en tout cas.

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