Revue 56 : Les mûriers Patrimoine en péril – Automne 2013
Sommaire
-Portrait : Pierre Meynadier
-Pomologie : Le monde de la cerise
-Conservation : Les vergers de Mercoire
-Histoire : L’arbre d’or
-Appel : Sauvons le mûrier noir
-Alternative : L’installation en difficulté
-Avis de recherche : La bleue
-Cahier central : Le mûrier
-Pomologie : Les mûres cultivées
-Technique : Le semis d’arbre fruitier
-Technique : Les greffons
-Bona Fama : L’azerolier
-Nutrition et santé : Nos bonnes mûres
-Appel : Sauvons le domaine de Vassal
-Graines d’infos : Slow food
-Lu pour vous
-Fiches fruitières
Édito
Le patrimoine de la diversité cultivée , enjeu de notre avenir, toujours plus en danger…
L’agriculture productiviste a défait les pratiques et usages traditionnels, détruisant les variétés et savoirs populaires.
Certaines plantes, richesse d’une époque, comme le Mûrier, n’ont pas résisté, d’abord aux textiles issus de l’industrie pétrochimique, puis ensuite à l’élargissement des champs, à la monoculture d’une mécanisation toujours plus agressive et à l’abandon des petits élevages familiaux.
En effet, le mûrier n’est pas seulement la feuille pour nourrir le ver à soie, c’est aussi un aliment pour les élevages ovins, caprins, poules et lapins. À l’heure où il faut dénoncer les méfaits pour la santé et les ressources planétaires de l’élevage industriel, un fourrage aussi riche et si peu exigeant que la feuille de mûrier devrait a nouveau permettre une agriculture paysanne économe et de qualité, mais aussi une économie familiale autonome, pour réduire les coûts d’une alimentation camée toujours plus problématique, car consommatrice en excès de terres cultivables.
Quant au fruit, ses qualités nutritionnelles et gastronomiques ne sont plus à démontrer (fruits secs, confitures, sirop et jus) riches en anthocyane.
Leur fort pouvoir colorant, leur solubilité en milieu aqueux et leur absence de toxicité font des anthocyanosides des colorants naturels susceptibles de remplacer les colorants synthétiques utilisés dans l’industrie agroalimentaire. Enfin, leur activité antioxydant laisse supposer que leur apport par l’alimentation pourrait jouer un rôle bénéfique dans la santé humaine, notamment dans le domaine des risques cardiovasculaires et la protection de la vision,
Le châtaignier, cet arbre nourricier de dizaines de générations de Cévenols, mais aussi de leurs troupeaux, cochons et volailles, le châtaignier dont fut construit leurs maisons, qui les chauffa et entretint leurs clèdes, fut victime de la désertification rurale qui conduisit des arbres multicentenaires aux usines de tanins, Aujourd’hui ne subsistent que quelques reliques de ces vieux «arbres à pain», mais ces générations passées nous fournissent encore des fruits pour de multiples usages (en frais, sec ou farine) et la régénération naturelle nous fournit piquets, poutres,planches et chaleur. Mais aussi, ce couvert forestier procure de multiples activités et ressources locale (balades et cueillettes, mais aussi chasse et champignons).
Et bien, notre patrimoine si utile n’est plus au yeux de nos élus régionaux et des grosses entreprises de l’énergie (EON à Gardanne) qu’un minerai qu’il leur suffit de récolter pour faire de juteux profits.
ll ne nous restera que les coupes rases envahies de ronciers, les sols mis à nus et détruits par les machines à exploiter le bois, et la nostalgie d’une Cévenne accueillante et nourricière.
Assez des destructions de ce monstrueux productivisme !
Christian Sunt.
Poids | 160 g |
---|