51 : Eloge des cépages interdits
Sommaire
– Portrait : Pierre Galet par Christian Sunt
– Conservation : Le domaine de Vassal par Thierry Lacombe et Jean-Michel Boursiquot
– Botanique : Reconnaître les Vitis Vinifera par Thierry Lacombe
– Histoire : De la vigne française à la vigne américaine par Garance Pellier
– Histoire : Histoire de l’interdiction des cépages par Pierre Galet
– Histoire : Les interdits par Freddy Couderc
– Cahier central : Les interdits
– Patrimoine : L’association Mémoire de la vigne par Hermine Plernovieja et Hervé Garnier
– Nutrition et Santé : Le raisin et le vin par Christine Arnoux et James Forest
– Usages et culture : On boit, pour finir, un verre de Clinton par Gilbert Bischeri
– Usages et culture : Les treilles de vignes par Jean-Marie Bernard
– Reportage : Vendanges en Cévennes par Gilbert Bischeri
– Agriculture : Le virus de la manipulation, le nématode, les territoires et les vignerons par Nicolas Duntze
– Point de vue : Les hybrides en viticulture par Louis Julian
– Fiche fruitière
Edito
Le renouveau du vin…
Cet été, nous avons assisté à l’explosion de la consommation des vins blancs et rosés. C’est très « tendance » ! Ce phénomène, qui accompagne le soleil et les vacances, perdure et s’amplifie au fil des années. Tous les cépages du sud de la France, du grenache noir au mourvèdre, participent à cet engouement qui enchante, à juste titre, les propriétaires-viticulteurs et les œnologues.
Alors, pourquoi garder cette loi ridicule du 24 décembre 1934 déclarant l’interdiction de six cépages : noah, othello, isabelle, jacquez, clinton, herbemont ? À titre exceptionnel, pour la consommation familiale, cela passe juste. D’une manière confidentielle, quelques vignerons créateurs, amoureux de nos Cévennes et de leurs traditions, bravant toute rentabilité économique, ont à cœur de redorer le blason de ces cépages oubliés ou malmenés. Vinifiés selon des règles strictes, élevés en barriques de chêne, ils offrent une véritable explosion de saveurs, de fruits, de fleurs, et d’épices de toutes sortes. Cette très belle complexité aromatique enchante le palais et fait de ces vins les compagnons naturels de la charcuterie et des fromages cévenols. Mais, dans notre vieille démocratie, les interdits ont encore une place de choix, même si des avancées significatives se font jour. Ces très vieilles vignes, venues d’Amérique vers 1820, résistantes à la maladie et ne demandant pas de traitements coûteux, ont servi de porte- greffe. Ces cépages ont, faut-il le rappeler, sauvé en grande partie la viticulture du sud de la France, ravagée par le phylloxéra et l’oïdium.
Les accusations mensongères de quelques technocrates qui, bien sûr, n’ont jamais goûté ces vins, n’ont heureusement pas réussi à faire disparaitre ces « fils des Cévennes ».
Si vous êtes épicurien, initiez-vous à la dégustation de ces vins mythiques qui regagnent la place qu’ils méritent grâce à ces nouveaux vignerons créateurs. À l’heure de l’informatique et de la nanotechnologie, au moment où nous découvrons l’infini par la magie de Hubble, est-il normal de se voir interdire la dégustation de ces vins issus de cépages porteurs d’histoire, élevés avec passion et développant en bouche des saveurs étranges et envoûtantes ?
Freddy Couderc, auteur du livre Les Vins mythiques de la Cévenne ardéchoise et du Bas-Vivarais