Fruits oubliés ?

Drôle de nom, se diront sans doute certains !

Mais savez-vous que nous ne mangeons aujourd’hui qu’une infime partie de la diversité fruitière existante ?

Toujours les mêmes pommes, toujours les même poires. Tellement ennuyeux !

Il y a pourtant des milliers de sortes (variétés ou cultivars) de chaque espèce fruitière. Dans les campagnes, chaque petite région avait sélectionné les siennes, pour des goûts et des usages bien particuliers.

Cormes (Sorbus domestica L.)
kakis (Diospyros kaki)
Grenade (Punica granatum)
Mûres du mûrier noir (Morus nigra L.)

Si aujourd’hui les variétés anciennes de fruits et les fruits originaux sont un peu plus à la mode, c’est grâce au travail de sauvegarde effectué. Et pourtant, on peine encore à les trouver dans les magasins ou sur les marchés.

Nous espérons que bientôt, tous ces fruits ne seront plus oubliés et que nous pourrons changer de nom, voire disparaître. Mais nous n’en sommes pas encore là…

Et la biodiversité fruitière ?

Il y a plusieurs niveaux de biodiversité :

  • Les différentes espèces fruitières : plaqueminier (kaki), pommier, poirier, grenadier… En France, on compte déjà près d’une vingtaine d’espèces fruitières cultivées de longue date (plusieurs siècles) : pommier / poirier / prunier / cerisier / abricotier / cognassier / néfliers / pêcher / figuier / grenadier / oranger / châtaignier / amandier / noyer / noisetier / fraisier / framboisier / groseillier / cassissier. S’y sont ajoutées plus récemment des espèces comme l’actinidier (kiwi). Avec l’essor de la permaculture, la diversité fruitière potentielle s’étend à de nouvelles espèces : asiminier…
  • Pour chaque espèce fruitière, il existe de très nombreux cultivars, plus communément appelés « variétés » (voire « sortes » pour le public non connaisseur). Ils sont issus de l’évolution d’une même espèce avec différentes communautés humaines, dans différents environnements, avec des utilisations et des goûts différents. Cette diversification est à l’origine d’une diversité extraordinaire : plusieurs centaines voire souvent plusieurs milliers de cultivars pour une espèce fruitière donnée !
  • Enfin, au sein même de chaque cultivar, on peut observer une diversité très variable. Cette diversité résulte du brassage génétique intervenant lors de la pollinisation, mais aussi de l’expression différente d’un même patrimoine génétique, dans des conditions différentes. Le greffage s’étant développé pour la multiplication d’un grand nombre de cultivars fruitiers, la diversité au sein de chaque cultivar a tendance à diminuer.

L’agriculture moderne émergeant à la fin du 19è siècle, orientée par une vision mécaniste du vivant, a privilégié des variétés « passe-partout » et très productives, au détriment de la diversité. Les méthodes de culture et de sélection ont conduit à un affaiblissement des plantes, ainsi qu’à une diminution alarmante des taux de nutriments dans les fruits. Mais également à la standardisation du goût : quelques variétés de fruits et toujours les mêmes partout…

Le retour de la diversité à toutes ses échelles est donc capital pour une production de fruits sains, nutritifs, diversifiés et savoureux. Pour en finir avec une agriculture qui pollue.

Et la pomologie, qu'est-ce donc ?

Ce n’est pas l’étude des pommes ! Enfin si, mais pas que… Pomum veut dire fruit en latin.

Il s’agit donc du domaine d’étude de tous les fruits, plus précisément de la description et la classification de ces derniers. Un pomologue est donc une personne experte dans la description des fruits. Cette description suit un protocole très précis, avec un vocabulaire approprié.

À quoi ça sert ?

Ces descriptions se sont développées depuis quelques siècles et ont permis de mieux connaître l’étendue de la diversité des espèces et des variétés fruitières, issue de la co-évolution de l’Homme et des plantes fruitières. Parmi les célèbres pomologues français, on peut citer Henri Louis Duhamel du Monceau (1700-1782) et André Leroy (1801-1875).

Ne nions pas que cette discipline puisse attirer certain-e-s passionné-e-s de la description qui passent jours et nuits sans autre but que de mettre un nom sur une variété fruitière. Mais elles-ils ne sont pas la majorité…

L’utilité de la pomologie, outre la connaissance de l’étendue du patrimoine des variétés fruitières, est qu’en plus de l’apparence des fruits, les propriétés gustatives, agronomiques et culinaires sont étudiées. Cela permet d’une part de trouver des fruits correspondant aux goûts de chacun, mais aussi de disposer d’une base solide pour poursuivre la création de nouvelles variétés.

Notre association comprend d’éminents pomologues ainsi que des praticiens chevronnés et passionnés de variétés fruitières anciennes (sauvages et cultivées), mais aussi d’autres espèces et variétés fruitières non traditionnelles, mais adaptables localement.

Parmi nos partenaires de longue date, le Centre National de Pomologie détient le fond documentaire pomologique le plus complet en France. Nous l’utilisons beaucoup pour notre revue.

Vive la pomologie, au service de la diversité fruitière, pour une arboriculture diversifiée et écologique !