La Forêt Lattoise… une forêt comestible en devenir

La Forêt Lattoise… une forêt comestible en devenir

La Forêt Lattoise… une forêt comestible en devenir

La Forêt Lattoise, un écosystème riche en densité nourricière au service du collectif / Visite de la forêt fruitière par Christophe, Alice et Thomas

Lieu confidentiel situé aux portes de Montpellier, la Forêt Lattoise est une co-création, un espace expérimental et participatif qui se donne pour objectif de devenir une forêt comestible d’ici 10 à 15 ans. 

Pour l’heure, le lieu est en plein développement et s’épanouit sous les mains d’une vingtaine de personnes composant un collectif de passionnés.

C’est Christophe Feltz qui nous reçoit pour nous faire visiter cet endroit unique en son genre dans l’Hérault. Propriétaire du terrain, il est à l’origine du projet qui voit le jour en 2018 et devient une association l’année d’après grâce à un groupe de 5 personnes qui acceptent de prendre les responsabilités liées à la co-présidence. Une bonne vingtaine d’arboriculteurs et jardiniers plus ou moins expérimentés participent à l’aventure. Ici les décisions sont collégiales, le consentement de tous est le mot d’ordre.

« La Forêt Lattoise, c’est un lieu d’expérimentation autour des notions de gratuité, de collectif et de participatif. La philosophie sous-jacente se construit autour des mots apprendre, expérimenter, partager, rencontrer, humain, nature ; le tout selon une logique collégiale et un principe de base : le consentement », nous dit Christophe.

Le lieu

Le terrain s’étend sur 5600 m2. Il est doté d’un système d’irrigation en croix à chaque extrémité de laquelle est élevée une tour d’eau. C’est par la première cuve installée située à l’entrée que commence la visite. Et Christophe n’en est pas peu fier. Véritable symbole du lieu, cette cuve et les sept autres permettent d’arroser les plantations en totale autonomie.

A l’entrée de la Forêt Lattoise, la première cuve à eau / Le poulailler équipé d’une ouverture automatique bricolée pour l’autonomie des poules.

« L’arrosage se fait par gravité grâce à des cuves reliées entre elles et placées à quelques mètres du sol. Les cuves symbolisent notre démarche : un forage, un système d’irrigation verticale qui marche sans batterie mais à l’énergie solaire ». C’est malin, écologique et efficace.

A l’entrée une cuve d’eau donc, puis une succession de potagers entretenus par le collectif. Des arbres fruitiers, plus de 200 plantations, et quelques guildes s’organisent autour d’un harmonieux mandala. Deux mares, une serre et un poulailler sur le point d’être achevé finissent de composer la Forêt Lattoise. Parmi les arbres plantés, on trouve essentiellement des fruitiers : pêchers, cerisiers, pommiers, poiriers, nashis, amandiers, arbousiers, figuiers, asiminiers, noyer, mûrier, grenadier, pruniers, agrumes, noisetiers, néfliers, etc...

Mais qu’en est-il de l’entretien des arbres ?

Le travail sur les arbres comme au potager se fait au rythme de chacun. Le choix des plantations est l’affaire de tous mais l’initiative est individuelle. Chacun peut être responsable d’un ensemble d’un ensemble de plantation, d’une guilde ou de n’importe quoi d’autre quoi d’autre qui va dans le sens du projet (exemple : bouturage et multiplication de plants, création d’un séchoir solaire, entretien et contrôle du mécanisme de récupération d’eau, des chemins, etc…). Pour autant, c’est le collectif qui tranche quand des questions éthiques voire philosophiques se posent. C’est le cas pour la taille des arbres fruitiers par exemple.

« Je suis non interventionniste, idéalement je ne taille jamais, au mieux j’arque les branches pour favoriser la production, nous dit Christophe. Les rares fois où je taille je sais exactement pourquoi. Mais au sein de l’association, certains pratiquent la taille. On est un collectif qui fonctionne sous les préceptes d’une démocratie participative au consentement qui donne la priorité à l’action : avant d’agir on sollicite l’avis des personnes pouvant être impactées. Si certaines personnes se sente impactées après coup on n’hésite pas à relancer les discussions dans le respect de tous. En fonction des thématiques, des référents peuvent émerger (référents faune sauvage, référents irrigation, référents design, etc…). La liberté d’agir est aussi quelque chose d’important au sein du collectif. Avant d’agir on pratique la « sollicitation d’avis » lorsqu’on juge que ça peut être utile. Et le consentement est nécessaire auprès des personnes pouvant être impactées. Parfois ça ne concerne qu’un sous ensemble de référents et parfois tout le monde. C’est au cas par cas» .

« La Forêt Lattoise est un lieu d’expérimentation où l’on travaille avec le vivant, on cherche à rendre le lieu autonome dans un but de consommation pour l’homme avec de fortes interactions entre la nature et l’humain ».

Dans la serre, les plants destinés aux nombreux espaces de plantation / L’une des 2 mares, repère de biodiversité.

Le concept de forêt comestible

Une forêt comestible est basée sur le modèle de forêt naturelle. L’idée est d’offrir une belle diversité d’arbres, de plantes, et de fruits et légumes, le tout agencé de manière stratifiée et pensé pour offrir au terrain une source de matière organique permettant d’enrichir les sols. Les plantations sont donc choisies en fonction de ce qu’elles apportent au sol mais aussi en fonction de ce qu’elles s’apportent entre elles. L’objectif étant de créer un écosystème harmonieux au sein duquel chaque individu à sa raison d’être. Propriétés individuelles mais aussi harmonie collective voire complémentarité sont à la base du concept de forêt comestible.

« En théorie, pour concevoir une forêt comestible il faut intégrer 30% de masse foliaire portée par des arbres et plantes qui fixent l’azote de l’air (arbres de Judée, féviers d’Amérique, caraganas, eléagnus, robiniers, etc…). En attendant d’avoir suffisamment de plantations et de diversité dans les plantes fertilisantes, on favorise les plantes qui produisent beaucoup de biomasse sans trop d’effort comme l’artichaut. », précise Christophe.

« L’idée de base c’est la densité nourricière. Tout ce qu’on plante ici est comestible, médicinale et transformable. Les puristes disent qu’avec une forêt comestible en principe il n’y a rien à faire à part récolter. D’autres admettent un travail de taille permettant au soleil de mieux pénétrer ».

Nous poursuivons la visite et apprenons que le projet aboutira véritablement dans une dizaine voire une quinzaine d’années, pour devenir une forêt telle que le collectif l’imagine. Au nord se trouvent les grands arbres qui culmineront à 15 à 20 mètres de haut. Plusieurs guildes et tout leur écosystème sont créées de-ci delà. Libre à chacun de s’en attribuer une ou de participer à sa création. Les guildes sont des associations de plantes interagissant entre elles pour créer un écosystème durable. En permaculture, une guilde s’organise généralement autour d’une plante principale appelé canopée d’une hauteur plus importante que ses compagnes. Et c’est autour d’elle que chaque plant va s’épanouir harmonieusement.

Ce concept est au fondement de la permaculture, mais aussi du collectif lattois, qui cherche à recréer et à multiplier ces écosystèmes vertueux. Thomas, l’un des cinq membres désignés pour représenter l’association, nous précise que la phytosociologie des plantes en milieu naturel les aide beaucoup à concevoir leurs guildes (voir référence aux nombreux travaux sur le sujet de Tela Botanica).

Mais poursuivons la visite pour nous intéresser à une autre valeur chère au collectif : la récupération.

La récup érigée comme concept

Ici le mot d’ordre est récupération. On achète quand on n’a pas le choix. Et dans ce domaine, Christophe se débrouille plutôt bien. Il déniche un fournisseur de sciure, fait entrer plusieurs tonnes de paille, ou bien dégote du mobilier destiné à la benne pour faire un salon de jardin à quelques mètres de la cuisine d’été.

C’est ainsi que le sol de La Forêt Lattoise est enrichi de sciure qui vient d’un atelier de menuiserie tout proche. Les godets utilisés à la serre sont récupérés à Grammont où les techniciens des espaces verts de la mairie de Montpellier jettent les pots des plants communaux.

La serre est construite à base de palettes, de paille et de plastique issu de fûts de bière. Qu’on se le dise, connaissance fine des principes de la permaculture associée au goût pour la récup et la débrouille comptent parmi les piliers fondateurs de la Forêt Lattoise.

Près de l’une des mares, l’atelier de découverte greffe animé pour Clément Fleith de Paysarbre.

Merci à Alice, Christophe et Thomas pour la visite.

Merryl Sellier

3 Replies to “La Forêt Lattoise… une forêt comestible en devenir”

  1. Ce que vous faites ressemble à ce que je fais à La Penne (06260). Vous pouvez suivre sur le site du sauvage mes essais de permaculture
    https://www.lesauvage.org/?s=permaculture
    Je fais des essais de guilde:ex. l’argousier pousse bien sous le noyer franquette ; les pommiers du kazakhstan semblent bien se trouver de la proximité d’Eleagnus x ebbingei mais le plaqueminier Nikita gift fuit le feuillage du cognassier VRanja…Mon fils habite à Castelnau, si vous me donnez vos coordonnées je pourrais vous rendre visite a l’occasion.
    ghislain.nicaise@free.fr

  2. Bonjour,
    Très stimulé par votre expérience, je viens d’acquérir une grande parcelle en zone nature que je souhaite orienter vers l’expérimentation collective, ou la notion de forêt comestible peut trouver tout son sens. J’aimerai vous rencontrer lors d’un possible et prochain passage par Montpellier. J’habite dans le Lot (46), et souhaiterais donc pouvoir vous rencontrer sur place à cette occasion.
    amicalement
    Yann 05 65 21 74 28
    yann.bergeret@gmail.com

  3. Bravo je peux venir vous rendre visite avec mes enfants pour qu’ils voient l’avenir et les possible
    Merci

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Panier (0)

Panier