Il est vital de s’adapter à la sécheresse

Il est vital de s’adapter à la sécheresse

Il faut sortir du triptyque labour/engrais/arrosage et veiller à ce que la vie du sol devienne un acteur d’hydratation.

Il est vital de s’adapter à la sécheresse

Pour trouver des solutions à la sécheresse que nous subissons, il faut comprendre que le cycle de l’eau dépend souvent de l’importance de la végétation environnante ou de la présence de lacs, de mers ou d’océans dans la formation des précipitations. L’homme doit recréer le plus possible le biotope de la forêt pour dynamiser le cycle de l’eau et limiter l’évapotranspiration qui est considérable sur les cultures à nu.

60% des eaux des précipitations s’évaporent, 30% ruissellent, Il n’y a que 10% qui vont rejoindre les nappes phréatiques que l’homme capte aujourd’hui de manière intensive.

Cette peur du manque de la ressource « eau » et de la sécheresse nous angoisse chaque année un peu plus, non seulement nous les agriculteurs, mais la plupart des citoyens.

Les résultats des recherches les plus récentes et les savoirs anciens, trop souvent oubliés confirment que les relations entre l’eau, la plante et la vie du sol sont non seulement très liées mais interdépendantes. C’est pourquoi nous devons changer notre façon de cultiver.

Il faut sortir du triptyque labour/engrais/arrosage et veiller à ce que la vie du sol devienne un acteur d’hydratation. Créer un sol riche en matière organique de toutes sortes : bois sec, terreau, feuilles décomposées… Pour augmenter la capacité de rétention de l’eau dans le sol, il faut se rapprocher de l’écosystème forestier. L’utilisation du paillage est absolument nécessaire, on peut prendre tout ce que l’on a sous la main : paille, déchets de coupe et de taille, copeaux de bois, BRF (bois raméal fragmenté), débris de coquillages… Non seulement l’eau va être préservée mais une amélioration de la vie biologique du sol va augmenter cette réserve hydrique.

Les arrosages doivent être parcimonieux pour permettre un enracinement toujours plus profond afin d’aller chercher l’eau et non pas être en perfusion permanente.

Pour garder l’eau sur nos terres, nous pouvons utiliser la topographie naturelle du terrain pour ralentir l’écoulement de l’eau et canaliser les eaux de ruissellement : en labourant avec un soc de 30/40cm pour créer un petit fossé où l’eau peut s’infiltrer, mettre des pierres pour freiner l’écoulement des pluies, créer des bassins de rétentions et des citernes pour les toits des bâtiments agricoles ou des maisons.

Une autre solution à l’aridité que j’ai mis en place dans mes vergers, c’est de créer des cultures étagées en associant des grands arbres comme des mûriers, des féviers, des acacias, générateurs d’azote dans le sol, créant de l’ombre, à des arbres plus petits comme les grenadiers, pêchers, ceux-ci à leurs tours protégeant des arbustes comme les fruits rouges.

Un autre impact sur nos vergers avec le changement climatique, est l’augmentation des températures qui réduit le temps de dormance de nos arbres : des automnes doux, des printemps précoces. Le cycle biologique de la sève est perturbé l’arbre n’a plus suffisamment son temps de repos et de froid. Nos arbres deviennent vulnérables, on constate une fragilité aux gels tardifs, une désynchronisation croissante de la floraison empêchant la pollinisation croisée et augmentant les risques parasitaires, comme par exemple le carpocapse, ravageur de nos vergers se développe plus facilement. Plus que jamais nos choix variétaux doivent se faire avec des variétés anciennes résistantes aux maladies, à la sécheresse, et adaptées à nos biotopes.

L’eau, comme le sol et les plantes, se cultive. Comprendre ces interrelations et en prendre soin, c’est prendre soin de la vie dans nos écosystèmes.

Raphaël Colicci

© DR

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