Entre le domestique et le sauvage, bienvenu dans le bocage

Entre le domestique et le sauvage, bienvenu dans le bocage

Julien Queval et cornouillers / Plants en jauge / Chênes ©Juliette Beaumont

Entre le domestique et le sauvage, bienvenu dans le bocage

Nous voilà dans l’Allier, dans le village de Saint-Menoux, chez Julien Queval, pépiniériste de jeunes plants bocagers. Ici, on sait ce que l’on veut, c’est même écrit sur la voiture : « plus d’arbres, moins d’abrutis ».

Plus d’arbres, c’est ce à quoi Julien consacre son bout de terre : multiplier arbres et arbustes locaux et conseiller les habitants pour reboiser le territoire. Julien travaille sous le label Végétal Local qui lui permet de certifier la provenance de ses végétaux. Vegetal Local est la certification de l’Office Français de la Biodiversité garantissant la traçabilité des plants introduits dans l’écosystème. La région biologique ici est celle du Massif Central, on retrouve donc dans la gamme du cormier, des chênes, des saules, des noisetiers, de l’aubépine, et beaucoup d’autres. 

Moins d’abrutis, c’est aussi son combat. Dans notre société consumériste et court-termiste, Julien milite pour une justice écologique et le développement d’une pensée de la durabilité. Alors ici on refuse les réponses à court-terme aux problèmes actuels. Car on le sait : les problèmes d’aujourd’hui sont les solutions d’hier et ce sera bien pareil pour demain. Alors on dit non aux mega-bassines, non au déboisement et non aux produits chimiques et on mise plutôt sur la diversité et le respect du vivant pour se créer un avenir prospère. 

Tout ça nous donne envie de se mettre en mouvement non ? Alors Julien nous donne quelques conseils : « plantez le bon arbre au bon endroit avec la bonne gestion », car la plantation ce n’est pas une affaire de green-washing. Il ne suffit pas de faire un trou, planter un arbre et prendre une photo pour les médias pour que ce soit réussi. Une plantation réussie s’étudie à l’avance. Il faut analyser son biotope : la pédologie, le micro-climat, la topographie… Il faudra ensuite choisir les essences les plus appropriées : celles qui s’adapteront le mieux aux évolutions du climat ou encore celles qui apportent le plus de « services écosystémiques ». 

Une bonne gestion des plantations nouvelles mais aussi de l’existant passe par sa régénération régulière. Une gestion durable permet d’optimiser les fonctions écosystémiques : stockage du carbone, biodiversité, amélioration des conditions hydriques du milieu… L’intérêt d’une bonne conduite est même économique puisqu’elle permet de produire du bois et du broyat, tout deux très recherchés. Pour se faire, des techniques diverses sont utilisées : le recépage, la taille de formation, l’élagage, l’étêtage…

Par l’action de la plantation et la gestion des arbres bocagers c’est finalement tout un territoire qui s’anime. L’écosystème sauvage se réactive et les habitants se retrouvent pour mettre en commun du travail et des savoirs. Les associations, les pépiniéristes, les agriculteurs et les habitants travaillent ensemble pour façonner leur milieu. 

Il y a toujours eu une « bonne » raison pour justifier la destruction d’un arbre, maintenant nous en avons des centaines pour justifier leur réintroduction dans tous les domaines. L’arbre n’est pas seulement limité aux vergers ou aux haies, l’arbre à sa place dans tout système, de culture ou d’élevage. Les bénéfices de l’agroforesterie sont multiples pour la production et pour l’environnement, ne serait-ce pas alors ça l’avenir de l’agriculture ? 

Contact : Julien QUEVAL jardinsdelours@ecomail.fr

Pour en découvrir plus sur le sujet :

Guide de l’AFAC : Gestion durables des haies : guide de préconisations

Juliette Beaumont

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