Manifeste des vignes en résistance !
Manifeste des vignes en résistance !
A la fin du XIXe siècle, phylloxera, oïdium et mildiou déciment le vignoble européen. L’adoption de cépages hybrides producteurs directs, d’origine américaine, résistants à ces bioagresseurs, permet alors de sortir de cette crise sanitaire. Mais la surproduction de vin française du début du XXe siècle entraîne une nouvelle crise économique qui, le 24 décembre 1934, dans une assemblée nationale désertée, conduit à l’interdiction arbitraire de six de ces cépages résistants : Clinton, Noah, Isabelle, Herbemont, Jacquez, Othello. Les vignerons Français sont sommés d’arracher ces cépages accusés injustement de rendre fou. Pourtant, en Cévennes, les familles continuent de cultiver ces cépages résistants en treille, adossée au mas ou aux bancels, pour le vin domestique, sans aucun besoin de traitement.
Aujourd’hui, alors que le contexte a beaucoup évolué, la règlementation autour de ces six cépages s’est figée et la commercialisation des vins qui en sont issus est toujours interdite en Europe bien que leur non-toxicité ait été prouvée et queleur palette aromatique intense de fruits des bois plaise à de nouveaux consommateurs. Mieux, ils présentent de nombreux intérêts au regard de la transition agroécologique : leur résistance aux maladies, éprouvée depuis des décennies, permet leur culture sans aucun pesticide, pas même du soufre ou du cuivre autorisés en agriculture biologique, préservant ainsi l’environnement, la biodiversité, sans contaminer les cultures voisines. Leur résistance aux aléas climatiques qui se multiplient en font aussi un atout face au changement climatique.
La vigueur de ces vignes incite à leurconduite en treille, offrant de nombreux avantages dont l’ombrage qu’elles peuvent apporter sur les plantes qui peuvent être cultivées dessous. En Cévennes, les treilles abritaient souvent des cultures de pommes de terre, afin d’optimiser l’espace cultivable en terrasses. Cette forme d’agroforesterie semble aujourd’hui être une solution d’adaptation au changement climatique pour maintenir une activité agricole en terrasses de façon viable et rentable.
C’est ce que vise à expérimenter le programme Treilles et Terrasses chez des agriculteurs partenaires en Cévennes. A ce titre, une dérogation pour autoriser la commercialisation des vins issus de ces cépages à titre expérimental sur la zone de l’appellation IGP Cévennes est nécessaire pour mener à bien cette expérimentation.
Par notre signature, nous encourageons le retour des cépages « interdits » Clinton, Noah, Isabelle, Herbemont, Jacquez, Othello sur les Cévennes ardéchoises, gardoises et lozériennes et souhaitons obtenir le droit d’en vendre les vins dans la réglementation viticole.
Avec eux, remettons de la biodiversité dans la vigne et retrouvons notre identité culturelle !