Les Secrets du Grenadier
Les Secrets du Grenadier
Il y a une vingtaine d’années dans le cadre de mes recherches dans le domaine de la diversification agricole, j’avais proposé la culture de la grenade. Passionné par les fruits oubliés et rares, ce fruit a toujours fait partie de mon environnement. Enfant, quand mon grand-père m’ouvrait une grenade, je trouvais ça magique de voir ces centaines de grains rouges, sucrés comme des bonbons. Séduit par ses qualités nutritionnelles et ses vertus médicinales, j’ai constitué un conservatoire de plus deux cents variétés de grenadiers différents afin de sélectionner les variétés les plus adaptées au Languedoc-Roussillon. Ce fut le début d’une belle histoire avec cet arbre extraordinaire.
L’historique de cet arbre emblématique de notre Méditerranée remonte à la Perse antique. Il croise la route des Phéniciens qui le ramène en Afrique puis celle des Romains qui le découvrent au cours des guerres contre Carthage – d’où son nom latin Punica granatum.
De toutes les filières de nouveaux fruits que j’ai pu proposer, la grenade a tout de suite bénéficié d’un engouement.
Malgré les réticences officielles justifiées sur le problème du gel de la fleur au printemps dans notre région, nous avons pu créer « la fédération des producteurs de grenade du sud ». J’avais mis en garde d’éviter les variétés espagnoles : Mollard el Eche, Fina Tendral plutôt gélives.
L’attrait de ce « super fruit » est sa richesse en ellagitanin1 et en acide punicalagine2. Ces polyphénols lui confèrent des vertus anti-inflammatoires, antibactériennes, antifongiques. Elle est en outre d’une grande biodisponibilité, pour lutter contre les maladies cardiovasculaires. C’est un tonique général pour les organismes fatigués.
Il y a une grosse demande de la part du public car le grenadier est facile à intégrer au jardin, en massif comme en haie ou comme culture de diversification pour une production commerciale. Autre avantage, sa fructification est assez rapide, autour de trois ans. Il est autofertile et ne demande pas d’entretien particulier. Il résiste plutôt bien aux maladies.
Sa réputation d’arbre facile a tendance à faire oublier un point sur lequel je veux insister : je lis trop souvent que le grenadier, n’a pas besoin d’eau. Ce n’est pas vrai. Je suis allé voir cet arbre partout où il pousse dans le monde et son besoin en eau est réel. Un dicton arabe dit d’ailleurs que c’est un arbre qui a “la tête au soleil et les pieds dans la fraîcheur”.
Il n’en reste pas moins adapté à des conditions plus rudes que celles que les fruitiers ”traditionnels” tolèrent habituellement et il est donc de ce point de vue très intéressant pour sa rusticité.
En effet, il supporte bien les sols calcaires comme argileux, pauvres et secs. Il demandera juste un sol bien drainé dans les régions autres que celles du pourtour méditerranéen.
En racines nues, il se plante généralement à l’automne ou durant l’hiver en dehors des périodes de gel. Si les hivers sont froids, on peut attendre mars-avril, juste avant l’apparition du feuillage. En conteneur, on peut le planter plus tard encore mais en veillant à son bon arrosage.
Trouvez-lui une exposition ensoleillée et laissez-lui un espace d’environ 5 mètres tout autour pour que sa charpente se développe librement. Un sujet adulte peut mesurer jusqu’à 5 m avec une largeur entre 2 et 3 m.
Pour ce qui est du choix des variétés, j’ai toujours du mal à faire des choix parmi les 240 variétés de mon conservatoire. Je dirais ‘Wonderful’ et ‘Angel red’ car elles sont incontournables et donnent un jus abondant. ‘Acco’, une variété d’Israël au goût sucré et légèrement acidulé, productive et à la maturité précoce, dès fin septembre. Fleishman et Provence, douces à la fois aromatiques et rustiques. Ces cinq variétés présentent aussi l’avantage d’être cultivables partout. La liste des grenadiers intéressants est longue. J’ajouterais Hermione et Parfianka rustiques, qui éclatent peu. Une mention particulière aux grenadiers à pépins tendres comme Ariana, Vkusnyi, Médovy-Vasha , Desertny, Molla Nepes ayant en plus la particularité d’avoir des arômes qui en font des grenades de bouche exceptionnelles.
Sa production augmente en France. On le plante un peu partout dans la moitié sud et dans l’ouest sur les côtes atlantique, à l’abri des gels importants.
Son attrait nutritionnel et médicinal, la beauté des fleurs de cet arbre qui n’est pas trop envahissant mérite qu’il soit présent dans nos vergers.
R. Colicci
Notes :
1 – Les ellagitanins sont un type de tanins hydrolysables, des composés phénoliques présents dans certaines plantes, en particulier dans les fruits comme les grenades, les framboises, et les noix, ainsi que dans certains bois, comme celui du chêne. Ils ont des propriétés antioxydantes puissantes, ce qui signifie qu’ils aident à neutraliser les radicaux libres dans le corps, pouvant ainsi réduire le stress oxydatif. Ils sont également étudiés pour leurs effets potentiellement bénéfiques sur la santé, y compris des propriétés anti-inflammatoires et anticancéreuses.
2 – La punicalagine est un type de polyphénol, plus précisément un ellagitanin, que l’on trouve principalement dans la grenade (Punica granatum). C’est une molécule antioxydante puissante et l’un des principaux composés responsables des bienfaits pour la santé associés à la consommation de grenade. Une fois ingérée, la punicalagine est métabolisée dans l’organisme, où elle se transforme en acide ellagique, un autre antioxydant bénéfique. Ces propriétés sont aussi anti-inflammatoire et bon pour le santé cardiovasculaire.
Merci pour ces informations.
Où peut-on acheter certaines des variétés citées dans cet article, svp ?
Merci pour toutes ces précisions!
Très intéressant!